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L'HISTOIRE MECONNUE DE LA GAUCHE RÉVOLUTIONNAIRE EN AFRIQUE
Extraits de l'introduction

L'histoire des mouvements révolutionnaires de gauche en Afrique est largement ignorée et négligée,  par les politologues, les historiens et l'ensemble de la littérature académique sur l'Afrique. Les ouvrages existants sont pour beaucoup des ouvrages mémoriels écrits par d'anciens militants. Cependant, la plupart des militants de base et même certains des dirigeants de ces mouvements sont morts sans avoir eu l'occasion de raconter leur propre histoire. En outre, les points de vue exprimés dans ces livres sont inévitablement partiels. Une autre limite est la rareté des documents originaux. C'est là un paradoxe, car une part importante de toute cette activité militante a consisté en la diffusion de brochures ou de tracts. Si des découvertes miraculeuses sont toujours possibles, malheureusement, la plupart du temps, les brochures et les tracts ont été définitivement perdus pour diverses raisons : par peur de la répression (pendant les années révolutionnaires, les personnes trouvées en possession de ces documents pouvaient être placées en garde à vue et envoyées en prison), ou à cause de la rigueur du climat et aussi de la "critique rongeuse des souris" ... et des termites

 

L'absence de la gauche révolutionnaire africaine dans la littérature existante contraste avec la situation qui prévaut pour d'autres continents, où l'on trouve une grande variété de livres sur ce sujet. Néanmoins, même s'il n'y a pas eu une recherche sérieuse sur cette question pour le continent africain, il existe des écrits sur des sujets connexes tels que les révolutions et les soulèvements populaires[1] ou encore les activités de guérilla menées par les mouvements de libération contre les armées coloniales ou néocoloniales[2]. D'autres publications se sont intéressées aux régimes révolutionnaires[3] ou encore  aux figures de proue, pour ne pas dire aux héros révolutionnaires tragiques, comme Amílcar Cabral[4] ou Thomas Sankara[5], qui ont perdu la vie dans la lutte (en incluant ceux qui, comme Patrice Lumumba, assassiné dès les premiers mois de l'indépendance) Enfin, certaines contributions ont mis en lumière les relations développées entre les militants et révolutionnaires africains et les anciens pays socialistes d'État et l'attraction exercée par ce modèle de socialisme[6], et plus récemment les relations entre les mouvements de libération africains et les partis communistes occidentaux[7]. (…)

LES OBSTACLES À LA COMPRÉHENSION DE L'HISTOIRE DES MOUVEMENTS RÉVOLUTIONNAIRES AFRICAINS

 

Contrairement au reste du monde, où des essais, des monographies et des histoires ont été écrits sur les mouvements de la gauche radicale à leur apogée[8], ce n'est pas le cas pour leurs homologues africains. C'est qu'à première vue, l'histoire des mouvements révolutionnaires africains semble moins glorieuse. Comparé à la révolution cubaine en Amérique latine ou à la guerre populaire vietnamienne qui a inspiré les mouvements révolutionnaires dans les années 1960 et 1970[9], le continent africain peut sembler un terrain peu propice aux luttes révolutionnaires.

Che Guevara, la figure la plus emblématique des années 1960, avait lui-même exprimé des réserves quant aux perspectives de victoires révolutionnaires en Afrique. Après l'échec de sa tentative au Congo, il écrivait : "L'Afrique avait encore un long chemin à parcourir avant d'atteindre une véritable maturité révolutionnaire"[10].

Cependant, de nombreux mouvements révolutionnaires dans le monde au cours des années 1960 et 1970, même s'ils ont été en mesure de défier l'État, ont finalement été vaincus - par exemple, les Naxalites en Inde et les Tupamaros en Uruguay[11], sans parler des Black Panthers aux États-Unis. Pourtant, leur expérience a influencé les révolutionnaires d'autres pays. L'idée d'un "manque de maturité du peuple africain" imprégné de valeurs traditionnelles localistes est encore un préjugé sous-jacent sur les perspectives révolutionnaires en Afrique chez de nombreux commentateurs, bien qu'il s'agisse d'une terrible méprise, surtout lorsqu'elle est exprimée de manière générale pour l'ensemble de l'Afrique.

 

En outre, les luttes anticoloniales extraordinaires et la création de nouveaux États indépendants ont eu lieu pendant la guerre froide. Les mouvements anticoloniaux et les organisations radicales au sein de ces mouvements étaient considérés par les observateurs traditionnels comme des relais de l'influence soviétique plutôt que comme des acteurs indépendants. C'est ainsi qu'un commentateur américain bien connu a pu écrire :

"L'Union soviétique a soutenu le développement nationaliste en Afrique dans le cadre de sa stratégie globale visant à créer des situations d'instabilité et de faiblesse au sein du monde occidental, à former et à endoctriner des cadres dirigeants communistes dans l'espoir qu'en manipulant le mécontentement des masses et les symboles nationalistes, ils pourraient prendre le pouvoir dans les républiques soviétiques africaines et, en général, à mettre en œuvre le dicton de Lénine consistant à attaquer l'Occident par le biais de ses territoires dépendants"[12].

Pendant plusieurs décennies, la référence au marxisme dans ces mouvements de libération est restée fondamentale, et selon ce point de vue, les mouvements et politiques radicaux ne devaient pas survivre à l'effondrement du bloc de l'Est[13].  Toutefois, de telles conceptions ignoraient la capacité des militants et des intellectuels africains à adopter, créer et adapter des doctrines révolutionnaires pour leur propre usage. L'idée que les militants et les révolutionnaires ont simplement importé des doctrines toutes faites à partir d'un schéma marxiste-léniniste est au mieux un point de vue étroit, et au pire une idée profondément imprégnée de paternalisme colonial.

 

Bien entendu, cette position de principe ne doit pas nous conduire à ignorer les nombreux obstacles auxquels sont confrontés les mouvements de gauche en Afrique, qu'ils soient d'origine externe ou interne. Au cours du XXe siècle, la pénétration des idées communistes au sens contemporain du terme a été liée à l'installation des institutions coloniales et au développement de la main d'œuvre nécessaire à l'économie coloniale. Ensuite, la principale question soulevée pour le développement des organisations de gauche (principalement communistes) était la relation avec les mouvements nationalistes émergents, bien que, même lorsque la période coloniale s'est achevée, de nombreuses régions soient restées hors de portée des organisations d'inspiration communiste :

« L'influence communiste s'est manifestée dans le nord et le sud et, dans une moindre mesure, dans l'ouest du continent, mais elle était pratiquement inexistante en Afrique de l'Est. D'une manière générale, la population essentiellement rurale et paysanne du continent rendait fort difficile la diffusion des idées communistes »[14].

 

Si nous revenons à Marx lui-même, nous savons qu'il était l'un des rares théoriciens européens de sa génération à ne pas essayer de dissimuler sa "dette" envers l'Afrique, mais à célébrer cette connaissance comme étant fondamentale. Les travaux récents de l'universitaire nigérian Biko Agozino montrent comment les personnes d'origine africaine ont joué un rôle central dans la théorie, la pratique et les écrits de Marx, y compris dans le Capital[15].  Les lettres qu'il a écrites depuis l'Algérie à la fin de sa vie ou, plus significativement, les articles sur les Afro-Américains pendant la guerre civile aux États-Unis[16], viennent s'ajouter à ses principaux écrits.  Bien qu'elle ait été considérée comme eurocentrique, son œuvre a inspiré de nombreux penseurs afro-américains et africains, de sorte que les idées marxistes ont profondément influencé la "création d'une tradition radicale noire"[17].  Plus inattendu encore, si l'on examine de plus près une figure aussi emblématique que Cheikh Anta Diop, souvent associé à l'"afro-centrisme", on constate que ses écrits n'ont pas ignoré l'analyse marxiste[18] et que son propre engagement dans la politique sénégalaise au sein du Rassemblement national démocratique (RND) à la fin des années 1970 s'est fait en relation avec des militants marxistes du Parti africain de l'indépendance (PAI) et des groupes maoïstes qui ont rejoint le parti qu'il avait créé[19].

En Afrique, le "boom" des idées révolutionnaires marxistes s'est surtout produit au cours des décennies étudiées dans ce livre. Par la suite, ces idées ont effectué une retraite du continent, ce qui a pu donner l'impression erronée qu'il s'agissait d'un phénomène de mode. Cependant, ce déclin du marxisme, n'est pas propre à l'Afrique, il s'agit d'un phénomène idéologique global qui peut être observé sur les autres continents et dont la portée va au delà de l'objectif de cette introduction et de cet ouvrage.

 

UN CADRE CHRONOLOGIQUE POUR L'HISTOIRE DE LA GAUCHE RÉVOLUTIONNAIRE EN AFRIQUE

Afin de donner un aperçu du développement historique des mouvements révolutionnaires en Afrique, nous proposons un schéma en trois périodes.

La première est celle des pionniers qui ont défié le colonialisme triomphant en appelant à la solidarité panafricaniste (de Londres en 1900 à Manchester en 1944) et aussi, pour certains d'entre eux, en développant des liens avec les organisations communistes pendant l'entre-deux-guerres, surtout depuis la création de l'Union soviétique et de la Troisième Internationale. Cette première période de la gauche révolutionnaire incarnée par des militants souvent basés en Europe, dans la métropole coloniale, comme Lamine Senghor ou Tiemoko Garang Kouyate pour les colonies françaises ou Wallace Johnson pour les colonies britanniques, n'entre pas dans le cadre de cet ouvrage. Cependant, ces figures ont été redécouvertes et célébrées par les générations suivantes, en particulier dans les années 1970. Le principal débat de cette génération était "Panafricanisme ou communisme ?", comme le suggère un célèbre livre écrit à la fin des années 1950 pour réévaluer cette période[20]. Cependant, si des tensions ont existé entre les deux orientations, elles n'ont pas toujours été en contradiction[21].

Nous distinguons ensuite une deuxième période, plus courte et plus difficile à délimiter, qui se situe à la fin de l'ère coloniale et au lendemain de la lutte pour l'indépendance des États. Au cours de cette période, les mouvements anticoloniaux se sont radicalisés, surtout lorsqu'ils étaient confrontés aux tactiques dilatoires des puissances coloniales. Parallèlement, au cours de cette période, l'influence des forces communistes et progressistes s'est accrue au point que le centre de gravité s'est déplacé de la diaspora vers les territoires africains, même s'il ne s'agissait pas encore de partis de masse. Dans le même temps, l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) et la République populaire de Chine ont commencé à apparaître comme des contre-modèles attrayants pour le capitalisme occidental.

Enfin, dans les années 1960 et 1970, une troisième vague d'activisme a déferlé sur l'Afrique, comme sur l'ensemble du monde, et sur le Sud global. Ces mouvements "anti-systémiques" n'étaient pas seulement dirigés contre la domination impérialiste occidentale, mais aussi contre les États "bureaucratisés" qui prétendaient défendre le socialisme[22]. En Afrique, cette nouvelle gauche s'est développée pendant et après 1968 et s'est heurtée à la vieille gauche, toujours alignée sur l'URSS. Des mouvements clandestins se développent dans toutes les régions du continent et un esprit de rébellion remet en cause l'ordre politique[23].  Cette évolution historique est restée largement ignorée pendant des décennies.

Cependant, des publications récentes ont souligné le rôle joué durant ces années par certaines "capitales de la révolution" où des figures révolutionnaires emblématiques telles que Che Guevara, Stokely Carmichael, Elridge Cleaver et d'autres ont voyagé ou se sont installées, par exemple à Alger, Brazzaville, Conakry ou Dar es Salaam[24].  Ces pays sont devenus de nouvelles bases ou des refuges pour les combattants de la liberté contre le système de l'apartheid, les campagnes de contre-insurrection et les assassinats lancés contre le mouvement Black Power aux États-Unis, le colonialisme portugais et les militants nationalistes et révolutionnaires exilés des luttes en Afrique australe. Cette solidarité a souvent exposé ces États aux attaques des armées ou des services secrets sud-africains ou portugais qui menaient une sale guerre contre leurs opposants, comme l'a montré l'assassinat d'Eduardo Mondlane en Tanzanie en 1969[25] et celui d'Amílcar Cabral à Conakry en 1973[26].  Cependant, à côté de ces développements "spectaculaires" qui font la une des journaux, des expériences radicales moins visibles sont présentes dans chaque pays africain. Ce livre mettra en lumière ces réalités oubliées, la plupart de nos chapitres étant centrés sur ce troisième âge révolutionnaire.

 

[1] Françoise Blum, Révolutions africaines: Congo-Brazzaville, Sénégal, Madagascar, années 1960–1970, Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2014; Willow J. Berridge, Civil Uprisings in Modern Sudan: The ‘Khartoum Springs’ of 1964 and 1985, London: Bloomsbury Press, 2015

[2] Gérard Chaliand, Armed Struggle in Africa: With the Guerrillas in ‘Portuguese’ Guinea, New York: Monthly Review Press, 1969; Basil Davidson, No Fist Is Big Enough to Hide the Sky: The Liberation of Guinea-Bissau and Cape Verde,1963–74, London: Zed Books, 1974.

[3] David Ottaway and Marina Ottaway, Afrocommunism, New York: Africana Publishing House, 1981.

[4]Patrick Chabal, Amilcar Cabral: Revolutionary Leadership and People’s War, Trenton, NJ: Africa World Press, 2003. For a broader scope than Chabal’s views, see Antonio Tomas, Amílcar Cabral: The Life of a Reluctant Nationalist, London: Hurst, 2021

[5]Bruno Jaffré, Biographie de Thomas Sankara: la patrie ou la mort …, Paris: L’Harmattan, 2007; Ernest Harsch, Thomas Sankara: An African Revolutionary, Athens, OH: Ohio University Press, 2014

[6]Maxim Matusevich, ‘Revisiting the Soviet Moment in Sub-Saharan Africa’, History Compass, 7(5), 2009, 1,259–1,268. Eric Burton and Constantin Katsakioris, ‘Africans and the Socialist World: Aspirations, Experiences, and Trajectories: An Introduction’, International Journal of African Historical Studies, 54(3), 2021, 269–278.

[7]Françoise Blum, Marco Di Maggio, Gabriele Siracusano and Serge Wolikow (eds), Les partis communistes occidentaux et l’Afrique: une histoire mineure?, Paris: Hémisphères, 2021.

[8]For the United States, see Max Elbaum, Revolution in the Air: Sixties Radicals turn to Lenin, Mao and Che, London: Verso, 2002, and for a synthetic view on the revolutionary left in Latin America, see Verónica Oikión, Solano Eduardo Rey and Tristán Martín López Ávalos (eds), El Estudio de las Luchas Revolucionarias en América Latina (1959–1996), Estado de la Cuestión, Zamora: El Colegio de Michoacan, 2013.

[9]Two books in particular were bedtime reading for the generation of the 1960s: Che Guevara, Che Guevara on Guerrilla Warfare, New York: Praeger, 1961, and Nguyen Vo Giap, People’s War People’s Army: The Viet Cong Insurrection Manual for Underdeveloped Countries, New York: Praeger, 1962.

[10]Che Guevara, The Congo Diary: Episodes of the Revolutionary War in Congo, Melbourne: Ocean Press, 2011.

[11]Prakash Singh, The Naxalite Movement in India, New Delhi: Rupa, 2006. Lindsey Churchill, Becoming the Tupamaros: Solidarity and Transnational Revolutionaries in Uruguay and the United States, Nashville, TN: Vanderbilt University Press, 2014.

[12]James S. Coleman, ‘Contemporary Africa Trends and Issues’, Annals of the American Academy of Political and Social Science, 298, 1955, 96.

[13]Arnold Hughes, ‘The Appeal of Marxism to Africans’, Journal of Communist Studies, 8(2), 1992, 4–20. 


[14] Allison Drew, ‘Comparing African Experiences of Communism’, in Norman Naimark, Silvio Pons and Sophie Quinn-Judge, The Cambridge History of Communism, Vol. II: The Socialist Camp and World Power, 1941–1960s, Cambridge: Cambridge University Press, 2017, 519.

[15]Biko Agozino, ‘The Africana Paradigm in Capital: The Debts of Karl Marx to People of African Descent’, Review of African Political Economy, 41(140), 2014,172–184.

[16]Kevin B. Anderson, Marx at the Margins: On Nationalism, Ethnicity, and Non-Western Societies, Chicago, IL: Chicago University Press, 1992.

[17]Cedric J. Robinson, Black Marxism: The Making of the Black Radical Tradition, London: Zed Books, 1983.

[18]Thierno Diop, ‘Cheikh Anta Diop et le matérialisme historique’, in Marxisme et critique de la modernité en Afrique, Paris, L’Harmattan, 2007, 145–175.

[19]Pascal Bianchini, ‘Cheikh Anta Diop et les marxistes au Sénégal: des relations ambivalentes entre démarcations et rapprochements, entre intégrations et scissions’, Revue d’histoire contemporaine de l’Afrique, 4,  83-96, 2023.https://oap.unige.ch/journals/rhca/article/view/04bianchini

[20]George Padmore, Panafricanisme ou communisme? La prochaine lutte pour l’Afrique, Paris: Présence africaine, 1962.

[21]On this period and the relation between Pan-Africanism, Pan-Negrism and communism in the African diasporas, see: Philippe Dewitte, Les mouvements nègres en France, 1919–1939, Paris: L’Harmattan, 1985; Jonathan Derrick,

Africa’s ‘Agitators’: Militant Anti-Colonialism, London: Hurst, 2008 ; Hakim Adi, Panafricanism and Communism: The Communist International and the African Diaspora, Trenton, NJ: Africa World Press, 2013.

[22]Immanuel Wallerstein, ‘New Revolts against the System’, New Left Review, 18, 2002, 33–34.

[23]Heike Becker and David Seddon, ‘Africa’s 1968: Protests and Uprisings across the Continent’, https://roape.net/2018/05/31/africas-1968-protests-and-uprisingsacross-the-continent.

[24]Elaine Mokhtefi, Algiers, Third World Capital: Black Panthers, Freedom Fighters, Revolutionaries, London: Verso, 2018. See Chapter 8. Amandla Thomas-Johnson, Becoming Kwame Ture, Cape Town: Chimurenganyana Series, 2020. George Roberts, Revolutionary State-Making in Dar es Salaam: African Liberation and the Global Cold War, 1961–1974, Cambridge: Cambridge University Press, 2022. See also Chapters 12 and 13.

[25]George Roberts, ‘The Assassination of Eduardo Mondlane: Mozambican Revolutionaries in Dar es Salaam’, in Revolutionary State-Making in Dar es Salaam, 135–172.

[26]Peter Karibe Mendy, ‘The “Cancer of Betrayal”: The Assassination of Amílcar Cabral, 20 January 1973’, in Amílcar Cabral: A Nationalist and Pan-Africanist Revolutionary, Athens, OH: Ohio University Press, 2019, 166–182.​​

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